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SUR VORIGINE. DE LA MERE-FOLLE. 539
cher une autre route. La morale parut un fond inépuisable & leur dessein :
ils personnifiérent les vertus et les vices; et dépeignant toute Vhorreut
des derniers , ils faisaient voir layantage que Yon tire'en suivant les pre-
miéres. C'est ce qui fit donner aux piéces dressées sur ce plan le titre de
Moralités. Cette idée , assez heureuse , fit tout Veffet que ceux qui Vavaient
employée, pouyaient en attendre ; et ce nouveau genre de spectacles (qui ne
paraissait que trois ou quatre fois Tannée) , (a ) fut estimé par beaucoup
de personnes supérieur 4 celui des mystéres ( 5 ).
Cependant le succés des Moralités fut peu considérable en le comparant
& celui des Farces qui parurent ensuite , et dont Vinyention est due égale=
ment aux poctes Bazochiens. Ces pidces, travaillées dans un gout singulier,
n’étaient pas sans mérite: elles ridiculisaient d'une facon vive et plaisante
des vices qui ne sont que trop répandus dans le monde, et que Ton a Ja
bonté dene qualifier que du nom de défauts; tels que ceux dayarice , de
fourberie, de débauche, etc. Mais ce fond excellent , qui caractérise la
bonne comédie, et que Moliére. sut depuis si bien faire valoir (c) , fut gaté
dés quiil fut découvert. La sale équivoque, la satire grossiére et persoinelle
tinrent pendant plus de deux cents ans la place du galant badinage, et de
la fine raillerie ( d). ;
son autorité pour 'réprimer 1a licence qui régnait dans leurs pieces. Voici ce qu’en dit Pabbé
WAubignac.« Or en France la comédie a commencé par quelques pratiques de piété; étant
jouée dans les temples, et ne représentant que des histoires saintes; mais elte dégénéra bientst
en satires et bouffonneries, autant contraires 4?honnéteté des mecurs qu’ala pureté de la religion,
Elle fat quelque tems ainsi maltraitée par les Bazochiens, qui furent comme les premiers comé+
diens en ce royaume ; et enfin parmi les bateleurs publics , parmi lesquels elle a demeuré pen-
dant plusieurs années, avec autant de honte que dignorance ». Pratique du Thédtre , Tome 1,
age 34Q. ‘ ;
p a) ies clercs de la Bazoche ne-jouaient ordinairement que trois fois année. La premitre
fois le jeudi qui précédait ou qui suivait la: fete des Rois, car cette représentation variait entre
ces deux jours; la seconde Ie jour de la cérémonie du mai dans la cour du palais, et Ja iroisieme
quelque tems apres la montre gériérale. Mais lorsqu’il se faisait des réjouissances publiques a
Paris } comme aux entrées des rois et des reines de France, etc.,la troupe des Bazochiens prenait
part A ces événemens , et donnait le divertissement de son spectacle.
(b) Tout contribuait aux applaudissemens que recevaient les clercs de la Bazoche’? ils étaient
"auteurs ét acteurs. Ajoutez que ces derniers , qui sans doute avaient plas d’éducation que ceax
qui représentaient les mystvres , mettaient plus Wart et de convenance dans leur déclamation et
leurs jeux de théatre, , .: : . vont a his . . .
(c) Moliére ne s’y conforma peut-étre que trop 5 du moins Despreaux lui a fait ce'reproche
dans le troisigme chant dt son art poéti ue. Voici le passage qui ne peut manquer de faire. plai=
sir, méme a ceux qui le possedenit de memoire.
« Etudiez Ja cour, et connaissez la ville;
» Liune et Pautre est toujours en modéle fertile t
» Gest par-la que Moliére illustrant ses écrits,
=~" 'y Peutaéire de son art etit remporté le prix,
» Simoins ami du peuple, en ses doctes peintures ,
» IH weit pas fait souvent grimacer ses figures ,.
» Quiué pour le bouffon Pagréable et le fin ,.
» Etsans honte a'Térence allié Tabarin.
» Dans ce sac ridicule ou Scapin senveloppey
“» Jene reconnais plus Pauteur du Misantrope »
SiDespreaux dit peut-étre , en parlant de Molitre , quel ternté aufait-il émployé pour certs
ui sont yenus apres ce grand hommé?)'. : ae :
7 (d) Le mot adjectif ae Yon joignait toujours au ‘nom de Farce, faissit connaltre le genre
dans lequel elle avait été composée. Ainsi Yoti trouve farce joyeuse , histrionique ; fabuleuse ,
enfarinée, morale; récréative, facécieuse , badine; francaise, etc.’ Les notes qui suivent ces
farces dont nous dounons des extraits , expliquent tes différens termes: Onles trouvera cisapres.
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