Activate Javascript or update your browser for the full Digital Library experience.
Previous Page
–
Next Page
OCR
S
“
S
DES MAHOMETANS. 24d
sirs des monarques dont elles composent le sérail. On peut lire dans (a)
Tournefort les précautions et les formalités mises en usage quand il faut
appeler un médecin auprés delles.
Je ne saurais oublier ici les circonstances curieuses que nous rapporte (8)
Ricault , des cérémonies usitées dans les mariages des grands scigneurs de
T'Etat avec des princesses Ottomanes. On sait assez que la jalousie et la
crainte des empereurs Ottomans autorisent cés mariages, et que cette élé-
vation , qui ailleurs approche un grand de léclat de la majesté souveraine,
est en Orient la cause prochaine de sa chute. Mais ce n’est pas de quoi il
sagit ici; ¢coutons la description de Ricault. « Lorsque le Grand-Seigneur
» a quelque jalousie de Ja grandeur d'un Bacha, il lui fait épouser une de
» ses scours, ou quelquune de ses parentes, sous prétexte de le youloir
honorer. Cependant, bien loin de deyenir par-li plus grand et plus
considérable , il devient le plus malheureux esclaye du monde, ¢tant
obligé de se soumetire 4 Yorgueil et a la tyrannie d'une femme qui le
traite comme son yalet. I n’oserait pourtant refuser Phonneur que son
maitre lui fait, de peur qu'on ne Vaccusat de mépriser les marques de
sa fayeur- et de son affection. Avant méme que dayoin épousé cette
princesse , il faut qu'il prenne la résolution de se donner tout enticr a
elle, et de ne faire part de son amitié a qui que ce soit, soit femme ou
esclaye; car il est obligé 4 renoncer & tout ce qui le pourrait détourner de
Yamour qu'il lui doit porter. Sila une femme quil'engage, parla doucetr
de sa conversation , et par le nombre des enfans quil ena eus, a avoir de la
_tendresse pour clle, il faut, malgré lui, qu'il la bannisse de sa maison, ct
» .quil n'y retienne personne qui puisse déplaire a la sultane qu’ll ne connait
-pas encore. Avant les noces , si elle lui enyoie demander de Vargent, des
pierreries , ou des fourrures de grand prix, il faut quil lui porte avec bien
de la joie et bien des complimens ce qu'elle lui demande. Ce présent s'ap-
pelle Aghirlic en la langue turque. Outre cela, il lui fait un habin ou un
douaire , aussi considérable qu'il plait 4 ceux qui s’entremettent de faire le
mariage. Lorsque le Aabin a été réglé en présence du juge , un cunuque
noir mene le nouveau marié, par forme de reconnaissance , ‘dans la
chambre de Ja sultane. Lorsqu’il y entre, Ia coutume oblige cette nou-
» yelle mariée a tirer son poignard, et 4 demander d'une manitre impé-
ricuse & son mari, qui lui a donné Ja hardiesse d’approcher d'elle. I
lui répond avec bien de la soumission , et lui montre (c) VEmmeri Pads-
chah, ou Yordre du Grand-Scigneur pour son mariage. Alors la sultane
» se ldye, le recoit avec plus de douceur ; ct souffre qu'il lentretienne un
peu plus familiérement. Un eunuque prend en méme tems les panitoufles
» du marié, et les met dla porte de Ja chambre, pour marque qu il ena
été bien recu. Un peu apres, le Bacha fait une profonde révérence & la
sultane , et se prosterne jusques sur la terre, avec beaucoup de respect ;
il se retire ensuite un peu en arriére, et Jui fait une pelite harangue ,
pour lui témoigner combien il sestime heureux de Thonneur qu elle lui
fait. Lorsqu’il a fini son compliment , il demeure dans un profond silence,
et dans une posture fort humble , ayant les mains croisées sur son esto-
4
Ss Sg
x
veysyssy sg
s ¥ ¥
vss ys yey sg
“vwe
VSS
-
S
ve
veseyssy 8s
(a} Voyages, etc., ubi sup. Lettre XII.
(b) Ricault, Etat, etc. , ubi sup., liv. 1, ch. 16. een .
(c) Emmeri Padschah , ou Padishah , dit Bespier dans ses remarques ; mot qui signific ‘rot.
Emmeri, par son rapport avec l’hébren, signifie donc 4 la lettre la parole du roi, ( 37 OX ).
Tome F. 62
en Sener