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DISSERTATION
maniéres de se servir des mots de nature et de personne, et le desir de
soutenir ce qu’on a une fois avancé a fait qu’Eutichés a défendu son
opinion z avec entétement et exagéralion. De sorte qu il ne faut pas prendre
‘a la rigueur tous les termes dont il se sert ; mais il faut les expliquer et
‘les limiter selon Tidée qu'il avait de n’admettre quun Jésus-Christ , et
partant qu’une nature , apres quel’ union des deux natures, savoir, dé la
divine et de 'humaine, s'est faite d’une maniére que nous ne comprenons
pas. Car ce qu’on attribue j a Eutichés d'avoir cru que le corps de Jésus-
Christ était divin et d’une autre nature que le notre, est plutdt l'exagé-
ration d’un prédicateur, qui voulait dire que le corps de Jésus-Christ ,
aprés lunion, était comme divinisé , qu'une vérité physique et réelle.
Lona cependant eu raison de condamner ce sentiment, parce qu il faut
éviter ces sortes de facons de parler, qui peuvent étre mal interprétées
et ot apporter des erreurs dans la religion.
» Pour ce qui regarde les autres points, ‘tant de la créance que des céré-
monies des Ja acobites , ce que (a) Brerewood en rapporte ne se trouve pas
toujours vrai. Par exemple, ils ne nient pas le purgatoire, ni la priére
pour les morts , comme il l’affirme aprés Thomas de Jesu ; mais ils ont
la méme opinion sur cela que les Grecs et les autres Orientaux. Il n’est
pas vrai non plus qu’ils consacrent en pain sans levain , & moins qu’on
ne l’entende des Arméniens, et selon Alvarés , des Ethiopiens : : car les
véritables Jacobites dont nous parlons ici consacrent en pain levé} et je
ne doute point que Grégoire XIII, qui avait dessein d’établir 4 Rome
‘un collége de Jacobites, comme il y en a un pour les Maronites, ne leur
elit permis de consacrer en pain levé de Ja-maniére qu’on l’a permis aux
Grecs. A légard de la confession , il n’est pas vrai non plus qu'elle ne
soit point en usage parmi eux : mais, comme ils ne la croient pas de :
droit divin , non plus que la” plupart des autres Orientaux (4), cela fait
quils la négligent. Pour ce qui est de la (c) circoncision, cela ne peut
étre vrai que de quelques Cophtes et Abyssins ; encore ceux-la la regar-
- dent-ils plutét comme une ancienne coutume gue c comme une cérémonie
de religion.
» Lon doit donc mettre une te grande différence entre les Jacobites ( ‘cignd
on comprend sous ce nom les Cophtes , les Abyssins et les Arméniens ),
et entre ceux qu’ on nomme proprement Jacobites : car, quoiqu ils’ sui--
vent tous le sentiment de ce (d) Jacques dont ils ont pris le nom, ils ‘ne
laissent pas pour cela de différer en quelques cérémonies. Abraham Ec-
chellensis prétend que les Jacobites croient , aussi bien que les Latins ;
que le Saint-Esprit procéde du pére et du fils, mais il se trompe sur ce
sujet, aussi bien qu’en plusieurs autres choses qui regardent Iz la créance
et les usages des Chreétiens du Levant. » oo Boe
(a) Brerewood, des Langues et Relig. , chap. ar,
(8) Brerewood ‘dit, selon la vieille traduction francaise « ils confessent leurs péchis a Dieu
seul, non au prétre, si ce n’est , comme dautres disent, fort rarement. »
(c) Ils observent la circoncision al égard de lun et de Yautre sexe, dit Brerewood ; ce qui est
Yusage des Abyssins.
(a Discipline de Sevére, patriarche d’Antioche ‘dans le: sixigme siécle. Ce Jacques ¢ est. revere
comme un saint par les Jacobites, de méme que Dioscore , qui viyait dans len méme. tems.