Activate Javascript or update your browser for the full Digital Library experience.
Previous Page
–
Next Page
OCR
Stine PRM Abe oe ae
Rano Biron tt gig scsi
Enact apt ian starts ign mn
THEATRE DU VAUDEVILLE
ZAZA, Cowie ex cing actes, pp MM. PIERRE-BERTON er CHARLES SIMON
*abondance des matigres — cliché consacré — nous a
empéché jusqu’ici de parler de Zaza. Le succés du premier
soir garantissait d’ailleurs de longs mois d’actualité a la
critique de cette ceuvre distinguée. o. .
Zaza est une étoile, de café-concert, de province il est vrai,
mais non pas
une étoile « en
herbe » comme
imprimajadisun
feuilletoniste
ami des méta-
phoresaudacieu-
ses. Sontalentet
son charme ré-
volutionnent la
sous-préfecture
au firmament de
laquelle elle
rayonne. Tous
les jeunes gens
du cra et les Pa-
risiens de pas-
sage se sentent
un peu plus que
duvagueal’ame.
C’est un de ces
derniers, Ber-
nard Dutresne,
qui parvient a
fixer un astre le-
quel avait déja
légérement erré,
un camarade de
planches, le co-
mique Cascart
s’étant rencon-
tré dans son or-
bite. Bernard
Dufresne est jeu-
ne,agréablemais
son principal élément de séduction, c'est qu'il n’a pas lair dun
amoureux transi. Loin de 1a méme, Bernard a peur de l'amour.
Zaza lui parait trop séduisante pour étre, comme on dit dans la
jolie langue du jour, « plaquée » facilement sans déchirure pour
le coeur du « plaqueur. » Il joue done l'indifférent. L’étoile,
selon l’usage, se pique au jeu, s’enflamme et un beau soir c’est
elle-méme qui fait sa déclaration. Elle la ponctue méme par un
certain baiser sur la nuque de Dufresne... Et nous voici en
pleine idylle, le rideau du premier acte étant tombé ou a peu
prés sur le baiser de Zaza.
Au second acte, commencement de lune rousse. Non certes
que les deux amoureux paraissent déja las l'un de l'autre mais
un mystére plane sur les faits et gestes de Bernard: Comment se
fait-il que ses affaires le rappellent 4 chaque instanta Paris ?
Pourquoi surtout un beau jour vient-il annoncer un grand
cascART (M. Hugnenet)
Cliché Reuttinger
. ACTE Ter
“ départ pour I'Amérique? Sans doute l’amant de Zaza ne vit pas
de l'air du temps. Il est dans « les affaires » mais ses explica-
tions paraissent quelquefois confuses et Zaza s’en inquiéte. Au
retour surtout d’une derniére reconduite de son amoureux a la
gare, elle se trouve avec Cascart, son « plaqué » du reste consolé
du plaquage, et, de cet entretien d'ancien amant devenu ami, se
dégage une révélation terrible. Si Bernard s’absente si souvent
.ce mest pas pour le motif qu'il invoque. Ses affaires ont bon dos;
en réalité il va retrouver 4 Paris son foyer. I] est marié.
_. Vous devinez aisément que le troisitme acte se passe a Paris.
Zaza ne veut croire a la déclaration de Cascart que si elle a con-
trolé sur place et elle court sur les traces de Dufresne. Elle a
Vadresse de sa maison decommerce. Elle s'y précipite. Laon lui
fait connaitre le domicile particulier. Elle y bonditen compagnie
d'une petite camarade. Bernard n’est pas chez lui. Recue dans le
salon, la diva attend, palpitante, préte 4 ne pas reculer devant
une explication orageuse avec la femme légitime. Mais ce n’est
pas Madame Dufresne qui ouvre la porte. C’est une main de
petite fille et cette enfant, a peine entrée, est interrogée anxieu-
-échangé quel-
sement par Zaza, dit avec la naiveté de son Age tout ce que celle-
ci se refusait encore & croire. Elle est bien et diment la fille de
Dufresne et de Madame Dufresne. Cascart n’avait pas menti.
Au quatriéme acte, Zaza est retournée dans sa sous-préfec-
ture le cceur brisé. Elle ne sait que faire. La rupture, sans doute,
serait raisonna-
ble, mais Zaza
aimetoujoursar-
demment Ber-
nard. Elle n’a
pasle courage de
renoncer & lui.
Et c'estainsique
lorsqu’ilrevient,
elle n’éclate pas
tout de suite en
colére. Elle joue
la sérénité. Ber-
nard quin’a rien
appris de la fu-
gue a Paris, la
cruit sincére.
Mais Zaza est
trop femme, et
amoureuse, pour
cacher long-
temps ses griets.
Elle finitpartout
confesser. Elle
est allée a Paris,
chez lui, Ber-
nard. Ellea cau-
sé avec sa pelite
fille; elleaméme
ques mots de
banalité avec sa
femme qui, étant
entrée dans le
salon, a voulu .
savoir quelle était cette inconnue. Devant cet aveu Bernard s’ir-
rite. De quel droit sa maitresse a-t-elle violé son foyer ? II lui re-
proche cette invasion avec dureté, Zaza _s’exaspére a son tour et
pousse cecri mensonger: «J’ai dit & ta femme que j’étais ta mai-
tresse ». Hors de lui Bernard l’invective, léve ]a main sur elle...
Pauvre Zaza! Elle comprend toutalors. Elle n’a été qu’un passe-
temps pour un Parisien désceuvré, bon bourgeois, bon pére de
famille et A peu prés bon mari, puisqu’il ne s’offre que peu de
frasques et qwil ne badine pas dés qu’il s’agit de son repos
domestique. C’est fini. Adiev. adieu l'amour. que Bernard parte
pourl’Amérique comme il le dirt, et plaise a Dieu qu'il ne revienne
caAscart (M. Huguenet)
ACTE I
Cliché Reullinger
» pas troubler un coeur encore tout plein de lui.
Il revient pourtant le cruel. et c’est ici le cinquiéme acte.
Zaza qui est devenue une étoile, non plus en herbe, mais en
pleine floraison pour continuer le trope malencontreux, res-
plendit maintenant 4 Paris. Bernard, un soir qu'il est allé en-
tendre, se sent repris pour elle de ce quil a appelé justement le
« revenez-y » et ce que les psychologues et les cuisiniéres con-
damnent justement sous l’appellation pittoresquement populaire
de « Je réchauffé ». Ils se retrouvent, ils causent longuement,
trés embarrassés de l’entretien et n’ayant plus rien a se dire, ils
se quittent. Ils ne s’aiment plus et cependant une grande mélan-
colie embrume cet adieu tinal. Toute l’amertume du passé est
remontée aux lévres des amants. ws
Zaza a pleinement réussi. Vainement essaierais-je de dissi-
muler qu’une trés grande part du succés revient 4 Réjane. D’au-
cuns ont dit que son réle tient par trop exclusivement toute
la piéce. Comment n’étre pas tenté de faire Ja part de la lionne
4 une comédienne dont chaque mot, chaque geste sont épiés avec
une égale intensité d’attention par Poreille et par la lorgnette et
qui, dans Zaza, s’est montrée égale, c’est tout dire, a elle-
méme,
GASTON JOLLIVET.
Directeur : NM. MANZI.
Imprimerie Jean Bousson, MAnzt, Jovant & Cie, Asnieres.
Le Gérant : G BLONDIN.