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LE THEATRE 19
Pour les costumes, ce fut la méme chose. II n’en est pas un
. . . : :
méme celui du dernier des licteurs, du plus humble guerrier
. : ;
du plus infime ouvrier, dont M. Alma Tadema n’ait indiqué
be
Cliché T, G, Turner § Co, Lid (Londres),
CALPURNIA (M
AG
' Hanbury) sores c&sar (M. Fulton)
comme M. Harker et M. Hann, d’un metteur en scéne et dun
comédien comme M. Tree, est sortie cette admirable évocation
de la Rome ancienne qui fait au chef-d’ceuvre de Shakespeare
un cadre digne de lui.
On ne peut rien imaginer de plus beau comme decors que la
place publique du premier acte, avec une arche dune grande
clégance au premier plan et le Forum au fond ; que la salle du
Sénat, ob César est frappé a mort, et surtout que le Forum au
- second acte. Et, dansces décors, quel artdansle groupement des
foules, dans les combinaisons de couleurs! Quand César vain-
queur traverse la place publique, comme cette populace est
Joyeuse et animée, comme ces théories de jeunes filles sont
gracieuses ! Que d’ingénieux détails pour donner atoutce monde-
la un air de vie et de vérité et faire que ces figurants marchent,
Viennent, causent, non pas comme des machines, mais comme
des ctres humains passant par diverses sensations de joie et d’en-
thousiasme, de colére et de douleur.
Prenez, par exemple, la scéne du Forum, ot Brutus d’abord
et Marc-Antoine ensuite haranguent la foule. Comme on voit
ce peuple romain tour a tour attristé, ému, furieux, t¢moigner
Ses senuments par des exclamations, des remous, des poussées
formidables. Tout cela a une. apparence de vérité, de sponta-
neité incroyables. Nous sommes bien dans la Rome des Césars;
ce peuple, c’est bien le peuple romain ; cette atmosphére, c’est
bien celle de l'Antiquité.
bl Faire cette impression sur des spectateurs plus ou moins
: asés, leur donner cette illusion c'est, comme je lai dit plus
aut, accomplirun prodige ; c’est le triomphe de lamise en scene.
Le tableau est 4 l’avenant du cadre. M. Tree a réalisé sa
conception de Jules César. 11a, dans M. Mac Leay, un Cassius
Sy coupe, la couleur; il n’est pas un bijou, anneau, collier
Sete tm dnd
ule, dont il Wait indiqué la forme et Je dessin. De cette
collaboration d’un artiste comme M. Tadema, de décorateurs
Cliché T. C. Turne
portia (Miss Millard)
ACTE [er
emporté et violent parfait, dans M. Calvert, un Casca ironique
et génial, dans M. Fulton, un César plein denoblesse et d’auto-
rité, dans M. Waller, un Brutus énergique et digne et, dans lui-
méme, un Antoine admirable d’ambition contenue, de passion
et d’éloquence. Il faut entendre M. Tree dire Ja harangue au
peuple romain ; c'est d@une puissance et d'une intensité d'ex-
pression extraordinaires.
Les roles féminins, dans Jules César, sont fort effacés, mais
pour des artistes consciencieux il n'y a pas de rdles effacés et
voila comment des actrices comme Miss Lily Hanbury, une su-
perbe Calpurnia, Miss Millard, une touchante Portia et Ma-
dame Tree, un délicieux Lucius, le jeune serviteur de Brutus,
complétent un ensemble absolument irréprochable et tel que,
rue Richelieu méme, on n’en trouverait pas un- meilleur. Si je
me permets cette comparaison, c’est parce qu’elle'a été faite par
M. Tree lui-méme et non par un chauvinisme qui serait tout a
fait déplacé ici.
Jules César, i Her Majesty's Theatre, est, je le répéte, une
des plus admirables choses et des plus completes a tous les points
de vue que l'onait présentées sur lascéne. Jamais, bien certaine-
ment, le chef-d’ccuvre de Shakespeare n'a été mieux joué ni
mieux encadré que sur le beau théatre de M. Tree, et jamais
acteurs n’ont eu plus de souci de leur art, plus de respect pour le
grand génie quils interprétaient que la compagnie de Her Ma-
jesty’s Theatre.
Et si je pouvais exprit
siens cussent un jour le pl
et ses vaillants artistes.
ner un souhait, ce serait que les Pari-
aisir de voir et d’applaudir M. Tree
PAUL VILLARS.
eee Se