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26 DISSERTATION SUR LES RITS ET CEREMONIES
s
téme , etc. ? Et certes on ne peut pas dire que le Fils de Dieu lui-méme fit
sans action et sans mouvement dans les fonctions extérieures de son minis-
tére. N’a-t-il jamais levé les yeux aux ciel en s'adressant & son Pére, soit
quil, bénit , quil rendit graces , ou qu'il priat devant.le peuple? Ne met-
tait-il pas les mains sur ceux pour qui il priait, sur les enfans , sur les ma-
lades, afin, dit saint Jéréme, de les bénir dela main comme de la parole?
Les Apétes ct leurs disciples n'en ont-ils pas usé¢ de méme ? Enfin, 4 cn
juger sainement et sans préyention , peut-on trouyer de la finesse , du des-
sein , du mystére 4. accompagner une expression de quelque geste qui y
ait rapport, et qui symbolise avec ce, quelle signifie ; par exemple, ‘4 leyer
les yeux en haut Jorsqu’on parle du ciel, les baisser quand il s'agit de la
terre, etc. ? Peut-on croire que par ces mouvemens les ministres de lEglise,
dont on exalte tant ici Ja finesse et-Vhabileté , aient en vue d’en imposer
aux simples , de faire illusion aux sots , et d’abuser de leur crédulité ?
Car on doit.remarquer que les cérémonies de l'Eglise , bien Join. d’étre
aussi mystéricuses que ses adyersaires voudraient le faire croire,“ont en
effet ane origine fort simple et trés- naturelle. Ce sont des actions, des
mouvemens , des postures , des gestes , qui ont rapport au discours , qui
naissent des choses mémes quon récite; ce sont une autre espéce de Jan-
gage trés-expressif, qui vient au secours des paroles , et en dit autant
qu elles. Le Manuel de Bourdeaux de 1611 marque précisément dans l'exhor-
_ tation prise du Catéchisme du concile de Trente sur le Baptéme , « qu'il se
' , fait plusieurs cérémonies dans l'administration de ce sacrement, afin que
ce qui a-été dit ne soit pas‘seulement déclaré- par parole , ‘mais aussi'mis
par l’'action méme devant les yeux , afin que ¢cela's’imprime mieux dans‘Ja
mémoire ».: Pee as an ne - as ao Pea Bp a TU ETE tS
» En effet Yhomme aime naturellement a-représenter ce qu'il dit, et 4 Vac-
compagner de signes extérieurs , d’actions et de mouyemens qui conyiennent
au’sujet dont il parle, qui rendent et expriment Je sens méme et la sieni:
fication des termes dont il se sert, et qui peignent de nouveau , pour ainsi
dire , Jes idées et les choses déja signifiées par les mots; ce qui constam- »
ment donne plus d’énergie et de force aux expressions , les soutient, et les
rend plus animées ct plus sensibles. On ne s'explique’ pas seulement par
« des paroles , dit le jésuite (a) Scorcia 4 Yoccasion du signe dé la Cros.
mais encore par des signes et par des gestes ». Ainsi saint Augustin’ rap-
Jes yoit-on-pas élever les. mains_et les yeux dans l'administration du Bap-
y El kb Sy
porte (b) que de son tems, lorsquon prononcait dans l'Eglise le mot de confi-
_ teor, ou celui de confessio, Tes auditeurs croyant qui s'agissait de-confes-
sion , se frappaient aussitdt la poitrine (c) suivant la.coutume de ceux ‘qui
confessaicnt alors leurs péchés : tant cette action est naturelle 4 tout honing
repentant. Origéne parlant des actions qui accompagnent la’ priére ,’ dit
aussi que , quoique l'on puisse prier en mille postures différentes , il ne faut
point douter que la plus conyenable de toutes ne soit d’étendre les mains
en éleyant les yeux vers le ciel > Puisque cette attitude extérieure du corps
exprime en quelque sorte les dispositions intérieures dans lesquelles Vanni
doit étre pendant Voraison. - ple ESS eas entre ae
a) Du Saint Sacrifice de la Messe, Liv. 1, chap. 8. .
b) Serm. 29 in y. 1 Psal. 117, et in Psal. 103. —— . =
(c) Cest ce que saint Grégoire de Nazianze, dans P’Orai , oe :
pectus manibus verberare. 7 ean’ Smson fankbre de Pulchérie, appelle
sh