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466 SUITE DE LA DISSERTATION
A leur imagination , pour débiter au peuple leurs égaremens ou leurs fi audes
-comnie autant d’oracles de leurs démons.’ ;
Le culte religieux quils rendaient 4 ces démons est remarquable. (a )
Les Caciques en indiquaient 1a solennité par des hérauts; et, lorsque le jour
‘de la cérémonie était yenu , ils marchaient en procession, avec un tambour,
Ja téte-de leurs sujets de l'un et de Vautre sexe. Les hommes et les femmes:
étaient dans leurs. plus beaux atours, les filles y paraissaient nues. Ils se ren-
daient tous ensemble au temple de ces. fausses Divinités.que Yon y voyait
représentées sous des figures extraordinaires , toutes également hideuses >
et telles que nos peintres nous les produisent pour représenter le diable.
On:y voyait-aussi les prétres servant ces’ idoles et les priant avec zele, ou
plutdét, avec des cris et des -hurlemens propres 4 intimider des hommes in-
capables de connaitre les fourberies que les ministres - de leurs Dieux cay
chaient sous une: déyotion 'fanatique. C’est en- cet: état quis. présentaient
aux Dieux Jes offrandes des déyots: une partie de ces offrandes. consistait
en gateaux , que certaines femmes portaient dans des corbcilles ornées de
fleurs: aprés quoi, ‘au signal des prétres , elles dansaient et chantaient les
louanges des Zémes, qui sont les mémes que les Chemens , offraicnt leurs
giteaux , et finissaient cet acte de déyotion par les louanges de leurs anciens
rois ou Caciques , et par des priéres pour la prospérité de Ja nation. Les
prétres rompaient ces gateaux'en plusieurs pitces , dontils faisaicnt ensuite
la distribution aux hommes. I] fallait,garder chez soi, durant le cours de
Vannée , ces morceaux de giteaux consacrés par loffrande qui en avait été
faite aux Zémes. On estimait que c’étaient des préseryatifs contre plusieurs
sortes d’accidens. Lorsque la procession dont on yoit icilareprésentation,
était prés dentrer dans Je temple, le Cacique qui Ja conduisait s’asseyait 4
Tentrée. La procession entrait en chantant , et passait en revue deyant lui.
En_se présentant devant Vidole , on se fourrait un petit baton dans le
gosier , pour sexciter au yomissement; ce qui se faibait, selon leurs idées ,
pour se présenter plus net deyant Dieu , et pour ainsi dire ;\ le coeur sur
les Iévres. - : : Hee pos ae
Leurs Zémes se communiquaient aux prétres, et quelquefois se faisaient
entendre au peuple , soit que ce fit un artifice du démon, ou une ruse du
Boié. On jugeait de la-réponse de Yoracle par la coutenance du prétre.
Sil dansait et chantait , c’était- bon signe ; s'il avait Yair triste , le peuple
‘ saffligeait , sabandonnait aux larmes, aJa douleur, et jetinait jusqua ce
quil y eut espérance de réconciliation ayec les Dieux.
Lorigine qu’ils donnaient au genre humain est si extravagante , qu’d peine
on se résout a Ja rapporter. Les hommes, disaient-ils , sont sortis de deux
cavernes @une montagne. De l'une sortirent ceux qu’on peut appeler dela
bonne sorte, cest-ad-dire , la fleur et élite du genre humain; de l'autre >
ce quil y a de plus chétif et de plus vil parmi eux. Le soleil irrité de cette
sortie, changea en pierre celui qui gardait Youverture de Ja montagne >
( apparemment pour empécher Ja naissance du genre humain. ) Liastre du
jour métamorphosa ces nouveaux yenus en arbres , en grenouilles , etc. ;
et quoi quil en soit , !Univers ne laissa pas de se peupler. Aprés tout, ces:
anciens qui ont fait sortir les hommes des chénes n'ont rien dit de plus ab-
surde. Le soleil et la lune sortirent eux-mémes d’une grotte de Vile , pour
(a) De Bry et Purchas.