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tan ime
SUR LA RELIGION DES BANIANS. 341
LEURS CEREMONIES NUPTIALES ET FUNEBRES.
La Polygamie des Cochinchinois est comme celle de leurs yoisins : ils se
permettent aussi le divorce. Ils ne se mariént point dans les degrés dé-
‘fendus par les lois diyines et humaines. Vers les montagnes, ils ont un usage
semblable a celui des anciens Juifs: c’est que si un homme vient 4 mourir,
son plus proche parent épouse sa veuve ; et si lun ou lautre refuse cette
alliance, il doit se soumettre 4 une certaine peine dont on ne se rachéte pas
facilement.
Ladultére , soit homme ou femme , est jeté aux éléphans. La Relation
du missionnaire ajoute , 4 Pégard de Péléphant qui est Yexécuteur de la
sentence , quil la suit de point em point , avec autant d’ordre et de docilité
que le pourrait faire un homme ; mais on sait assez que les bétes se dres-
sent 2 des fonctions dont il semble qu’a peime certains hommes seraient
capables. .
Dans leurs usages funébres voici ce quil y a de remarquable. On: s’as-
semble auprés du malade agonisant , et Yon frappe a grands coups de sabre
et de cimeterre Vair qui Tenyironne, afin @éloigner et -d’épouyanter les
mauyais démons , qui sont tout préts 4 nuire 3lame au moment quelle sort
du corps. Quand il meurt quelque personne de considération , les Onsais,
qui , comme nous layons dit, sont les prétres de ce peuple , et souvent
aussi leurs médecins , s’assemblent pour consulter sur’ ce qui peut avoir
causé la mort au défunt ; et quand ils croient avoir trouvé la cause de cette
mort, ils Ja condamnent gravement au feu. Cette condamnation est sui-
yie,de la possession formelle d'un parent du’ mort. ( C’est ainsi que Tas-
sure le missionnaire. ) Le diable entre dans Je corps de cette personne ,
aprés quelques cérémonies et évocations magiques ; ct le possédé raconte
dans sa possession Vétat de Yame ‘du mort , tout ce quelle fait , tout ce
qu'elle souffre , etc. Leurs autres cérémonies funcbres ne different pas de
celles de leur yoisins. Comme eux ils célébrent des fétes en honneur des
morts , et comme cux il Jes invoquent. Le missionnaire jésuite trouve que
cela ressemble 4 Ja canonisation des saints. Enfin ils donnent, comme leurs
yoisins , A manger aux anes.
Tl est aisé¢ de remarquer, par tous ces usages , que ce peuple est persuadé
de Timmortalité de ame. Quand. nos missionnaires disaient 4 ces Cochin-
chinois , pour les désabuser de la ridicule opinion que les ames ont besoin
‘dalimens : comment ne voyez-vous pas que vos idées sont trés-fausses ? Les
ames n’ont point de bouches pour manger, et ailleurs st elles mangeaient,
les plats resteraient - ils pleins ? \es Cochinchinois se tiraient d'affaire
en répliquant : il y a deux choses & considérer dans les viandes ; Tune est
la substance , et Vautre les accidens de quantité , qualité , odeur » Sa-
veur, etc. Les ames prennent pour elles la substance du manger, qui est im-
matérielle et spiritue le; c’est un aliment proportionné leur nature incor-
orelle : mais elles laissent dans les plats ces accidens qui se percotvent
des yeux et des autres Sens corporels. De cette mantere elles n ont pas besoin
des organes d'un corps pour manger. Si cette réponse na pas été concertée
ar des Chrétiens , il faut avouer quelle fait honneur a Ja subtilité des Co-
chinchinois. |
Tome VI. 86