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SUR -LA- RELIGION DES BANIANS. 55
manquent ni de pénétration , nide jugement, Ies Tunquinois se sont avi-
sés de conclure que les gens: morts de faim président sur ceux qui se des-
tinent.aux études , quoiquil.n’y ait pas plus de rapport entre les uns etles
autres , quentre saint Barthélemi et les tanneurs, qui le prennent: pour
leur patron a cause (a) qu’il fut écorché tout yif.
Toutes les ames des morts sont honorées , seryies , entretenues avec des
soins extraordinaires. Nous avons. déja dit que chacun donne une atten-
tion particuliére a celle de sa famille , parce que les ames des parens régnent
souvent avec tyrannie sur la :parenté.. On fait done aux morts des funé-
railles aussi magnifiques qu'il se puisse : on dresse pour elles des tables char-
gées de riz, de viandes et de fruits , afin qu’elles se régalent comme il leur
plait : on leur présente quelquefois jusqu’a’ quarante piéces de gros bétail.
Nous reviendrons & tous ces ‘usages , lorsqu il faudra parler des Chinois : ici
nous abrégerons le détail. On ne se contente pas de ces festins : persuadés
quil faut aux morts des provisions plus solides , ils mettent dans leurs tom-
beaux del’or, de largent et des étoffes de soie. Aux funérailles ils portent,
comme les peuples leurs yoisins , des papiers peints ct figurés , que Tayer-
nier appelle des feux d’artifice.
~. (6) Le missionnaire italien que nous avons cité plusieurs fois, dit que
Yon écrit sur une petite planche le nom du mort dont on ne peut recou-
vrer le corps , et quon fait pour cette planche toutes les cérémonies quon
pratique 4 l’égard,des morts. Quand les péres et méres ne sayent pas ott
leurs enfans sont décédés , ils consultent les magiciens , qui, avec de cer-
tains miroirs et au son de quelques tambours , évoquent l’ame du défunt
afin qu’elle donne de ses nouvelles. Si Yame refuse de comparaitre., on fait
une statue de platre, et on la traite ayec les mémes cérémonies quon au-
rait pratiqué a légard du mort.
Uhabit de deuil est blanc. Le grand deuil consiste a se priver des’ plai-
sirs. Une des marques extérieures est de ne pas porter des habits dé soie.
Le deuil de pére et de mére se porte vingt-sept. mois , mais les enfans
doivent en faire l'anniversaire toute leur vie. La veuye porte le deuil de
son mari trois ans; le mari autant qu'il lui plait, de sa femme. Les fréres ct
les sceurs le portent un an. Outre cela les femmes et les enfans doivent porter
trois ans le deuil pour le Bua, les: Conseillers d’Etat un an, les Mandarins
trois ou quatre mois, et tout le peuple en général vingt-sept jours. Nous
yerrons plus bas quon appelle Bua celui qui n'a que le titre de roi, sans
en avoir nila puissance , ni Ja fonction; Pune et Vautre étant entre les mains
du Chua, qui est le yéritable roi. Dans Je cours de la premiére année du
deuil , on honore la mémoire du mort le premier, le troisiéme , le septi¢me,
le cinquantiéme et le centiéme jour, et au bout de Van. :
Tous les ans, dit Tavernier, (c) au.commencement de année, on cé-
Iébre une féte solennelle 4 Phonneur des morts illustres par leur valeur et
par leurs belles actions. Liantiquité est pleine d'exemples de pareils annivyer-
saires. Dans ceux de Tunquin, on y donne place 41a mémoire | des ‘per-
sonnes qui ont excité des soulévemens dans I'Etat, et cela se: fait pour la
détester, s'il faut en juger par ce que nous dirons,tout a Vheure. On dresse
a) Voy. Cérém. Relig. des Catholiques, p. 182.
f b) Le P. Marini, Relation de Tunquin.
Ce } Relation du Tunquin.
Tome FI. . 84.