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~aux neuf paradis :
SUR LA RELIGION DES BANIANS. | 314
aussi plus il est bas ,’ plus il’ est malheureux; de sorte que les heureux
s‘étendent bien au-dessus des étoiles, comme les malheureux s’abiment
bien au-dessous de la terre. Les Siamois appellent. Zheuada Jes habitans
des mondes supéricurs , Pi/ ceux des mondes inférieurs, et. Aanout ceux
de ce monde ». Les Portugais youlant rapprocher les idées Siamoises des
chrétiennes , ont fait des Theuada, des anges; des Piis, des diables.; du
séjour des premiers le paradis , et de celui des derniers lenfer. C'est pour
youloir faire des ressemblances , que Ton a si étrangement déguisé les dif-
férentes opinions des peuples.
« Mais, continue La Loubére , les Siamois ne croient pas que les ames,
en sortant du corps ,, passent en ces lieux-la , comme les Grecs ct les Ro-.
mains croyaient qu’elles passaient aux enfers. Elles naissent selon eux aux
lieux ott elles passent, ct elles y vivent d'une vie qui nous est cachée ,
mais qui est sujette aux infirmités de celle-ci, et AJa mort. La mort ct la
renaissance sont toujours le chemin de lun de ccs lieux 4 un autre, et ce
nest quaprés ayoir yécu en un certain nombre de lieux, et pendant un
certain tems... ., que les ames punies ou récompensécs par-la yiennent
renaitre au monde ou nous sommes. Et comme ils supposent que les ames
ont un nouyeau ménage dans les lieux ob elles renaissent, ils croient aussi
qu elles ont besoin des choses de cette vie ». Cest sur cette croyance que
sont établis tous les usages funtbres des Idolatres du yieux et du nouyeau
monde. Crest en relation aux différens besoins de cette vie présente, quon
a cru deyoir donner aux morts un train de domestiques pour J'autre yie ,
ayec tout ce qu'il fallait pour y établir un nouveau ménage. Les Siamois
et divers, peuples de leur yoisinage ont substitué a toutes ces choses ,
bralées autrefois récllement avec leurs morts , leurs images ou leurs repré-
sentations en papier doré , peint ou découpé. On assure que cette seule
dépense ne laisse pas d’étre considérable.
(a) Quand une ame a acquis une si haute perfection quil ny a plus
aueune condition mortelle qui soit digne delle , les Siamois la croient
déliyrée des transmigrations. Elle cesse de revenir dans ce monde ; elle
reste dans le Wireupan , cest-a-dire , dans l'znaction et dans Vimpassibilité.
Cest 1A la veritable félicité , et selon eux le yrai paradis. On attribue a
Yancien mus¢ée d'avoir dit , que la vertu serait récompensée par une wresse
élernelle. Létat Wivresse a tant de rapport & Vimpassibilité de ame, quon
peut bien réduire ces deux opinions & une seule.
Toutes les félicités des neuf licux sont passagéres , sujettes a des in-
quictudes et A des révolutions. Pour ce qui est des peines de lenfer , il’
ny ena point d'autre que’ ces peines passagéres des neuf lieux opposés
« Car, dit M. de La Loubére dans le détail quil fait
de cette doctrine , quoique Jes Siamois supposent dans quelques-uns de
ces licux des tourmens qui ne finissent jamais , et des flammes éter-
nelles; quoiquil doive y ayoir éternellement des ames: dans ces neuf
» lieux , ce ne sont pas toujours les mémes ames. Aucune ame ny sera
éternellement punic : elles y naitront pour y vivre un certain tems , ct
pour en sortir par la mort....-- Le yrai enfer de ces peuples consiste
dans une éternelle transmigration des ames , sans jamais paryenir, au
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(a) La Loubere, ubi sup. , p. 592:
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