Activate Javascript or update your browser for the full Digital Library experience.
Previous Page
–
Next Page
OCR
[
SUR LA RELIGION DES BANLANS. 6 255
de Tayernier. Il serait inutile de parler ici dela conformité didées sur cet
article ayec les anciens Idolatres ; nous dirons seulement que , maleré les
lumiéres de Europe, on n’y est pas tout-a-fait revenu de ces frayeurs su-
perstiticuses des Paiens. Bernier nous dit, « que dans la grande éclipse
» de 1654 Ja terreur panique ayait si fort saisi le peuple , que quelques-
»- uns se cachaient dans des cayes, ou s'enfermaicnt dans des chambres bien
» closes; que les autres se jetaient en foule dans les églises ». Il compare
cela avec ce qu'il vit ensuite 4 Dehli en 1666. On a vu quelque chose d'ap-
prochant dans léclipse de 1706. Dans le triste état du Soleil pendant un
quart dheure , bien des Chrétiens furent aussi effrayés que des Gentils ;
plusieurs raisonnérent et tir¢rent des conséquences a perte de yue d'un éyé-
nement si naturel. On compara le Soleil (a) de la France & celui de la
Nature. Tous les deux s’éclipsaient en méme-tems. La levée du siége: de
Barcelone se trouye 4 point nommé dans un tems fatal 4 ces deux Soleils.
Les jolies pensées que cette rencontre fournit aux beaux esprits en Hollande
et en Angleterre! Mais surtout: combien ne servit-elle pas a certains prédica-
teurs Protestans, que le zéle animait,4 la vengeance ?
Les Indiengs de Visapour , etc. célébrent une {¢te rustique assez singuli¢re
pour mériter une description. (b) Dans le tems des semailles , les Bramines
font une espéce de bénédiction des champs , de Ja maniére que yoici. On
dle toutes les branches 4 un gros arbre, excepté celles du sommet , et on
le charge ensuite sur ses épaules ayec grand bruit, car dans ces sortes de
déyotions.le bruit est toujours de la partie. Les Bramines, qui marchent &
la téte de la procession de ceux qui portent cet arbre, réglent aussi le ton
de leur psalmodie. Is s’en yont tous chantant jusqu’a l'entrée d'une pagode ,
-et quand ils sont dans le préau de ce lieu saint, ils posent une extrémilé
de leur arbre a terre devant la porte de cette pagode , en faisant en méme-
tems le Salam, c’est-d-dire , une salutation religicuse. Ensuite ils, relévent
Yarbre avec de grands cris; cette cérémonie se réitére jusqu’a trois fois, d
chaque fois on fait le tour de la pagode ou du préau. Aprés cela,Je grand
Bramine fait un creux dans la terre ,et.y verse de cette eau. bénite. qui: vient
dune yache, ou peut-tre de l'eau du Gange, car celui qui nous fournit cette
description ne sexplique pas. On plante cet arbre demi - dépouillé , et on
Yorne de banderolles et de pavillons. On attache a. son tronc des bouchons
de paille , ou Yon met Je feu. Le grand Bramine. examine ‘attentiyement la
flamme ,‘et prononce oracle et la bénédiction suiyant ce. qwilaremarqué.
Tout cela est accompagné de quelques offrandes de riz et de fleurs , etc.
-Lauteur Anglais a raison de dire , que cette cérémonie a quelque rapport
ayec les Ambaryalia des anciens Romains.,
Ces déyotions publiques nous conduisent naturellement a leurs déyotions
particuliéres. Outre deux jours de jedne quils doivent obseryer tous les
mois et dont nous ayons parlé ci-deyant , ceux qui surpassent Je commun
des déyots commencent toujours Ja journée par des priéres et des cantiques.
Ils observent le méme chose lorsquiils entreprennent quelque affaire con-
sidérable. (c ) » Quand plusieurs ouyriers sont employés ensemble a-un
(a) Louis XIV, dont lembléme était le Soleil: Cette embléme a souvent égayé Pimagination
des ennemis de ce monarque. :
(b) Fryer, dans son Voyage des Indes ; écrit en anglais.
(c) Ovington, Voyages, Tom. |,
erm
La exe
’ fa
a re en
—