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132 - DISSERTATION HISTORIQUE
_arbre , vit couler le.sang de Polydore, et quill entendit une yoix: qui lui
- eriait : “
Quid miserum , Enea, laceras? jam parce sepulto.
Je pourrais rapporter ici plusieurs contes fabuleux qui ont cours: parmi
les Indiens , et qui y passent pour des vérités incontestables. En voici un,
entre plusicurs , qui se trouvent dans le fameux livre appelé Ramayenam.
Crest selon eux un liyre infaillible , et dont Ja lecture efface tous les péchés.
_ Chourpanaguey , seur.du géant Rayanem ,. avait un fils quelle aimait
tendrement. Ce jeune homme entra un jour dans le jardin dun, pé-
‘nitent , et y gata quelques arbres : le solitaire en fut offensé, et, sur le
“champ, il le condamna 4 ‘deyenir un arbre qui se nomme Alamaram.
Chourpanaguey ayant prié Vhermite de modérer sa colére, il se laissa at-
tendrir , et il consentit que , quand Vichnou, transformé en Ramen,
. . - . 4 > .
viendrait dans le monde, et couperait une branche de cect arbre , !ame du
_ jeune homme s'enyolerait dans le Chorcam (a), et ne serait plus sujette &
(autres transmigrations. On lit dans les ouyrages des sayans Indiens un
grand nombre d'exemples de cette nature , par lesquels ils prouvyent que
les arhes passent dans les plantes et dans les arbres. o
12. Pour pousser la métempsycose jusqu’ol elle peut aller , il ne
resterait plus qu’a faire passer les ames dans les pierres , et dans tous
les autres ¢tres de méme espéce. Je ne trouve nul yestige d'une pareille
doctrine parmi les sectateurs de Pythagore et de Platon. A Ja yérité, Ovide
sest donné Vessor dans ses Métamorphoses : Aglauros y est changée en
pierre , Niobé en marbre, Atlas en une montagne de son nom, Scylla
en un écueil qui est dans la mer, etc. Mais ce potte ne croit pas que ces
rochers , ces pierres et ces montagnes soient animés. pes
Les Indiens, au eontraire, sont fortement persuadés que des ames
animent véritablement les pierres, les montagnes et les rochers. Parmi
plusieurs exemples qu’on trouve dans Je Ramayenam, je n’en citerai quun,
seul , qui sera Ja preuve de ce que javance. . wa
Il est rapporté quill y avait auprés du Gange un pénitent nommé Cayou-
‘damen, dont la'yie était trés-austére; qu'il ayait une des plus, belles
- femmes qui fat au monde ( elle se nommait 4/7); qu’elle eut le malheur
de plaire 4 Devendiren , roi des Dieux du Chorcam; que l'hermite , quis’en
apercut, en frémit de colére, et quil donna 4 l'un et a Yautre sa’ malé-
diction ; qwAli fut aussitét transformée en un rocher, oui se logea soname;
mais que, ‘dans Ja suite, Ramen ayant touché du pied le rocher, délivra
par savertu son ame infortunée : que comme elle ayait! expié son’ crime
dans une transmigration , elle s‘enyola sur Vheure au Chorcam. *. « >
15. On pourrait me faire ici une question que je dois prévenir ,-afin de
micux approfondir le syst¢me Idien ; sayoir; sile passage des ames du corps
dans un autre se‘fait 4 Vinstant , ou ‘s'il’ se trouve ‘quelque interyalle de
tems entre les différentes animations. Les sentimens des Indiens sont par-
_tagés. Quelques-uns croient que les ames demeurent auprés du corps ct
méme dans les endroits oi se conseryent les cendres des cadayres brilés ;
/ jusqu’a ce qu‘elles trouyent un autre corps qui soit propre. a les receyoir.
(a) Paradis des Indiens.
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