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388. DISSERTATION
pita que le projet des athées Hattemites était de former une armée formi-
dable’ de nouyeaux Athées ; qu'on les enrélait au nom du. Diable, et en
leur faisant avaler dans un yerre de vin-un papier sur lequel le nom du
Diable était écrit; que , par ce moyen, ces nouyeaux soldats déyouaient
leur foi au Diable ; qu’aprés cet enrdlement, on leur donnait dentretien
vingt-huit sols par semaine ; que ceux que l’on enrdlait de la sorte étaient
renyoyés , comme croyant encore en Dieu, si, en buyantla santé du Diable ,
ils manquaient dayaler le papier. On répandit le bruit que les docteurs de
la secte étaient des sorciers , et quun d’eux inyoquait et conjurait le Démon
pour faire sortir de largent d'un pot de terre, quil enfermait dans un grand.
cercle. Sil est permis d'en croire le méme apologiste, la ruse et la calomnie
firent leur effet en plusieurs mani¢res : et sil faut supposer que le récit
quil donne soit bien yéritable , rien n’est plus odieux , ni plus contraire
Yesprit du Christianisme que ce qu’on lui a fait souffrir en particulier, pour
le réduire 4 ne pouvoir trouver ni feu, ni lieu dans sa patrie.
En finissant sur cette mati¢re , il n’est pas inutile de remarquer, aprés
le méme apologiste , que P. de Hattem (a) s'était formé 4 lécole de Coc-
ceius. Il pouvait y ayoir appris l'art de rendre les choses les plus, communes
mystérieuses en Jes cachant sous des maniéres de parler outrées.
On pourrait appeler Spinosistes, et peut-étre A plus juste titre. que n’a
: fait P. de Hattem , quelques esprits forts; peu connus des étrangers , qui
de nos jours ont essayé de renouveler en Hollande le systéme de (b) lame
du monde, et l’éternité (c) de lune et de Yautre. A la yérité, un de ces
auteurs a affecté de déclarer quil n’était nullement Spinosiste , par la dis-
tinction (d) quiil a fait semblant de mettre entre Dieu et la nature. II
prétend aussi que la Trinité n’est autre chose que trois différentes propri¢tés
‘de Etre Supréme , qui font trois différentes opérations dans la nature ;
que Vétendue est de lessence divine , et que cette étendue est la seconde
personne de la Trinité; que Ja création ést de toute éternité , etc. Cet au-
teur et ses semblables , comme un certain Deurhof et autres , se sont fait
suivre et ont formé (e), et forment encore, des assemblées trés - bornées
et trés-secrétes , pour mieux échapper aux poursuites, ou du moins pour
‘empécher que les magistrats ne soient forcés de les faire. _
Quoique les Esprits forts anciens: et, modernes aient diminué autant
quils ont pu l’autorité des religions établies , il en est peu cependant qui
aient youlu, ou qui aient osé rompre ouvertement ayec le reste du genre
humain sur cet article. Ils ont tout au moins ayoué combien il est important
¢ i) Lettre 4 a Davervelt, versla fin.
comme notre ame [esta notre corps. Elle est la vie de Ja mati#re , comme I’ame est la vie du
corps humain. Et de méme que le corps n’est pas'‘l’ame, ni ame Je corps; Ia matitre n’est
pas Dieu , et Dieu nest pas la matiére’, quoiqu’inséparablement unis !’'un 4 autre. D’autres ont
établi la coéternité de la matitre avec Dieu, qui ne l’'a précédée , comme Ton parle, que par
la priorité de nature , de lamaniére que le corps précede lombre. © :
(¢) Autant qu’on le peut comprendre par les raisonnemens de cet auteur et de ses disciples ,
la matitre est émanée de Dieu comme la lumiére lest du soleil, ou la toile dune araignée du
corps de cette araignée. Cette idée n’est pas nouvelle.
(d) Voy. le livre intitulé en Hollandais : le Chaos imaginaire , ete.
(e) Ces assemblées subsistent encore dans plusieurs yilles , mais ceux qui Jes font choisissent
les endroits les plus écartés, et ne s’assemblent que sous des’ prétextes fort’ innocens. Ce sont
des rencontres , ou des visites d’amis , qui fument ou prennent du thé entr’eux ; 4 quoi se mé-
lent ensuite des discours sur la religion, etc. ° -
Cette ame, selon le sentiment de quelques anciens philosophes , est unie 4 la mativre, -