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SUR LES CONVULSIONNAIRES, etc. 207
Je fus.assez simple , en arrivant a Paris , pour mimaginer que je décou-
yrirais Ja vérité de tout ce mystére en m/attachant 4 examiner les moeurs et
la conduite des gens de chaque parti: je métais mis dans l'esprit que les
bonnes meeurs étaient de stirs garants de la bonne doctrine; mais je m’a-
percus dans la‘suite que cette route ¢tait fausse et trompeuse. En effet ,
jai trouvé de part et d’autre de trés-honnétes gens et des imposteurs , des
sots et des gens d’esprit , des gens remplis de zéle, de bon sens et de mé-
rite, comme des ignorans et des fanatiques. Cé qui m’a le plus surpris, ca
été de yoir des gens qui soutiennent a corps et 4 cris ces miracles de M.
Paris , et qui vivent comme siils n’en croyaient point. A cela prés, comme le
nombre de ceux qui ne yivent pas conformément leurs principes est 4 peu
prés égal dans chaque parti, comme ies meeurs sont les mémes , et quil y
a de part et d'autre beaucoup dhonnétes gens, pleins d’esprit et de mérite,
je reconnus facilement quill me serait impossible darriyer par cette yoie a
ja connaissance de la yérité. .
Je résolus donc de vérifier par moi-méme si les faits que lon publiait
étaient yéritables. Vous ne sauriez croire , monsieur , les peines et les fa-
tigues que cette recherche m’a causées , sans approcher de la vérité. Pen-
dant plus de six mois , je n’ai pas manqué un seul jour de me rendre a S.
Médard , et dans les galetas ot: s’opéraient , disait-on , tant de merveilles.
Je ne puis encore , sans étonnement , me ressouvenir des. différens objets
qui_se- sont présentés 4 moi. J'ai yu avec surprise le faux zéle et lim-
posture profaner tour 4 tour les choses les plus saintes ,, et sanctifier les
choses les plus profanes. Les uns hurlaient , sautaient et gambadaient avec
indécence dans Jes lieux les plus respectables ; les autres attachaient des
_ yertus incroyables 4 la matiére la plus vile ,-et la portaient de’ maison en
maison ayec confiance , sans se désabuser de son mérite, qui était dément
a leurs yeux par l'expérience. Le détail que je vous ferais des faits dont j'ai
été le témoin serait superflu , et yous causerait peut-ctre autant dindigna-
tion que de surprise. Ainsi je me contenterai de vous dire ici que jai re-
marqué beaucoup de friponnerie et de mauyaise foi dans la plus grande
artie de ces enthousiasmes ; mais, en méme tems, je suis trop sincére pour
yous laisser ignorer que jen ai vu quelques-uns faire des choses qui met-
taient ma philosophie a bout, et qui passaient.mes lumiéres et mes con-
naissances. :
Vous jugez bien que jaurais grand tort de les accuser tous dimposture ,
par la raison quil y a beaucoup de cas ob j'ai reconnu de la mauyaise foi;
mais je me croirais également blamable , si je prenais pour des mira-
cles les effets qui m’ont paru extraordinaires , sous prétexte que j en ignore
les causes. ;
Je suis d’autant plus obligé de suspendre mon jugement sur Ja vérité
de ces phénoménes, quil m’est souvent arriyé de prendre pour miraculeux
ct surnaturels des effets dont j'ai depuis reconnu Ja fausseté , en les exa-
‘minant avec plus d'attention. Ainsi il ne serait pas impossible que des gens
plus éclairés que moi, découvrissent la fourberie, et le mensonge de ceux
qui ont échappé 4 ma pénétration. a ae
Jai d’autant plus sujet dele croire , que jai vu trés-souvent, dans Jes as-
semblées oti je me suis trouvé , des personnes de mérite , prendre pour
bons et surnaturels des effets dont limposture était sensible et manifeste
A mes yeux, comme il nrest aussi souvent arriyé de regarder comme des
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Tome IP’. ++ ot