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chemins par. ot nous devions passer; car on a soin d'annoncer, au prone ,
dans les paroisses des lieux ¢cloignés , V'acte de foi, long-tems ayant:;quil se
- fasse. Sona tihibes ny / co a a ne aah of cetrar
....Enfin, couyerts de honte.ct de confusion , et trés-fatigués de la marche,
nous arriyames en léglise de saint Francois , qui était:pour cette. fois des-
tinée et préparée pour. la célébration de [auto-da-fé..2 9.06 yn) : es
Le grand autel était paré de noir, ct il y ayait dessus six chandeliers
dargent, avec autant de cierges de cire blanche allunbés.. On avait dlevé
aux deux cétés de l'autel deux espéces de trdnes ; l'un a droite pour lin-
quisiteur et ses conseillers , autre 4 gauche pour Je vice-roi et sa cour.
A quelque distance ‘et ‘vis-a-vis du‘ grand autel'y tirant un peu vers la
porte, on ayait dressé un autre autel sur lequel on ayait mis dix missels
ouverts ; dela, jusqu’a la porte de l'église, on ayait fait une galerie large d’en-
viron trois pieds , ayec un balustre de chaque cédté; ct de part et d'autre
on ayait placé des bancs pour asseoir les criminels et leurs parrains , qui
sy allaient mettre 4 mesure quils entraient dans léglise , en sorte que les
premiers yenus étaient-plus proches ‘de l'autel. Aussitét que je.fus entré et
placé en mon’ rang , je m’appliquai 4 considérer lordre qu’on faisait obser:
ver 4 ceux qui yenaient aprés moi. Je vis que.ceux'dA qui on avait donné
ces horribles-Carrochas dont jai parlé , marchaient.les: derniers.de.notre
troupe ;, quimmédiatement aprés eux on portait un grand: crucifix, dont
la, face regardait ceux qui le précédaient, et qui était suivi de deux per-
sonnes , et: de quatre statues 4 hauteur dhomme , représentées au naturel;
attachées chacune au bout d'une longue perche , et accompagnées dautant
de cassettes portées chacune par un homme, et.remplies des ossemens de
ceux que les statues représentaient.. 0 a
La face du crucifix tournée vers ceux qui le précédent , marque la misé-.
ricorde dont ona usé a leur égard , en les délivrant'de la mort , quoiqu'ils
Veussent méritée ; et le méme, crucifix tournantle dos 4 ceux qui le suiyent ,
signifie que ces infortunés n'ont plus de grace a espérer: c’est ainsi que. tout
est mystérieux dans le saint office. eb ties, pete Yt ed
«i La maniére dont ces misérables étaient yétus n’était pas moins propre
a inspirer de Thorreur que de la pitié. Les personnes yivantes , aussi bien
que les statues , portaient des Samarras de toile grise, toutes peintes de
diables , de flammes et de tisons embrasés , sur lesquelles la téte du patient
était représentée au naturel devant et-derritre , avec sa sentence, écrite au
bas , portant en abrégé et en gros caractéres son nom, celui de sa patric ;
et le crime pour lequel il était condamné. Outre cet habillement épouyan-,
table , ils ayaient encore de ces funestes Carrochas , couyertes comme les
yétemens , de flammes et de démons: / So ree
. Les petits coffres ot étaient enfermés les os de ceux qui étaient morts ,!
et 4 qui le procés ayait été fait; avant ou aprésle décés , pendant ou avant
leur détention , afin de donner lieu 4 la confiscation de leurs biens , étaient
oly Jes .
aussi peints de noir, et couverts de démons et de flammes..-.
_ fl faut ici remarquer que Vinquisition ne borne pas sa. juridiction sur les
personnes yivantes , ou sur celles qui sont mortes dans les prisons ; mais
quelle fait encore souvent le proces & des gens qui sont décédés plusieurs,
années ayant d’ayoir été accusés, lorsqu’aprés leur mort ils sont chargés de
quelque crime considérable ; quen ce cas on les déterre ; et, s'ils sont con-
yaincus, on brie leurs ossemens dans Yacte de foi, et l'on confisque. tous
leurs biens ,;dont on dépouille soigneusement ceux qui, ont recueilli leur