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CONCERNANT LINQUISITION. 385
yous convertir: et vous pardonner.. Ensuite il alla & la mort ayec une cons-
tance et des démonstrations d'une sincére et solide piété que tous les assis-
tans ne pouvaient assez admirer.
Ajoutons encore un exemple de personnes moins considérables par leur
naissance.
Joan de Siqueira et son frére, natifs de Torres Alvas , tous deux fils d’une
blanchisseuse , furent arrétés 4 Lisbonne il y a enyiron trente-cing ‘ans. On
arréta dans ce méme tems Joan Trayassos da Costa, qui, pendant plu-
sieurs années \, avait été vicaire général de larcheyéché de Lisbonne. Les
deux fréres soutinrent hardiment qu’ils étaient innocens ; mais, se trouyant
chargés par un trés-grand nombre de dépositions, ils furent condamnés.
Le grand vicaire Travassos , qui pour raison de sa dignité ayait été souvent
ala Mesa du saint office, et qui sayait combien difficilement sortent de Vin-
quisition ceux qui y sont une fois renfermés , perdit d'abord courage, con-
fessa tout ce qu'on youlut, et accusa une infinité de personnes:, parmi les-
quelles furent Joan de Siqueira et son frére, qui yraisemblablement surent
par des compagnons de leur misére que Travassos avait déposé contr’eux.
En. effet un de ces fréres, étant 4 Taudience, dit aux Inquisiteurs: comment
pouvez-vous penser, Messicurs, qu'un vicaire ‘général se soit découvert &
moi qui, n’étant que le fils d'une blanchisseuse , aurois a peine été bon pour
lui servir de laquais?. Si Travassos a déposé contre moi, cest sans doute
quil a cru que jen ayais fait autant 4 son égard; mais je lui pardonne de
bon coeur, comme je désire que Dieu me pardonne les péchés que j'ai com-
mis, sans néanmoins. que j’aie jamais rien fait en toute ma yie de ce dont
on maccuse en ce tribunal. Si j’étais Juif, comme yous yous le persuadez,
pourquoi ferais-je. difficulté den conyenir pour sauyer ma vie, n’ayant au-
cun bien a perdre en le faisant?. Mais j’ose me flatter que Dieu moffre cette
occasion de faire mon salut en souffrant, et je ne la yeux pas laisser échap-
per. Ces deux fréres furent brilés comme Négatifs, et donnérent jusqu’au
dernier soupir toutes les marques possibles d’une foi vive et pure. Le grand.
yicaire sortit dans ce méme tems de I'acte de foi avec le Sambenito, et a
toujours vécu depuis trés-misérablement. Le bruit améme couru qu’a l'heure
de la mort il a déclaré que tout ce quiil ayait déposé a Vinquisition contre
lui-méme et contre les autres était enti¢rement faux; mais le saint office n’a
aucun égard a ces sortes de déclarations.
Si dans inquisition on pressait les anciens Chrétiens comme on fait des
nouveaux , et sils n’étaient pas 4 l’abri de toutes ces persécutions et de tous
ces embarras par le seul droit de leur naissance , sans doute quills. s’accu-
seraicnt aussi des mémes crimes; puisque, depuis le réglement par lequel
il a été ordonné que les dépositions des nouyeaux Chrétiens n’cussent pas
lieu contre les anciens; ceux-ci se sont souvent trouvés dans les mémes cas,
et que, depuis année 1535 jusqu’en 1600 que ce réglement fut fait, ona
yu plusieurs anciens Chrétiens accusés et s'accuser eux-mémes de Judaisme,
jusques-la quil est arrivé'a un de confesser quwil ayait été proche d'un puits
qui nest pas éloigné de Ja yille attendre le messie, étant monté sur un
bouc...... 7 :
Mais depuis que , parle réglement dont on yient de parler , on a ordonné
que Jes nouveaux Chrétiens ne scraient plus recus .. déposer ‘contre les
anciens , ceux-ci, pour se tirer affaire , lorsquils sont déférés. au saint
office , ‘n'ont qu’ alléguer leur origine , ce qui leur tient lieu de défense
Tome IT. 97
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