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LE THEATRE
acre ota eee ©
Cliché Boyer.
JAcQuES GUAY (M. Jean Coquelin)
PORTE-SAINT-MARTIN, — LA POMPADOUR
culiérementde la tradition du romantisme
etde Dumas pére. Pour cadre a son action,
ila prisle xvi siécle, qui est une Epoque
charmante, pleine de contrastes féconds
pour lauteur dramatique, permettant, en
plus, de montrer des costumes et des
ameublements qui, outre qu’ils sont fort
jolis, ont ceci pour eux d’étre redevenus
trés Ala mode. Et, pour protagonistes de
son drame et de sa comédie, ila pris le
roi Louis XV et sa favorite, la marquise
de Pompadour. Seulement, ces person-
nages historiques, extr¢mementcuricux aA
étudier et A connaitre, sont-ils de bons
personnages de thédtre? Le Roi était
ennuyé et égoiste : ce sont des fagons
d’étre qui sont, pour ainsi dire, négatives
et, partant, prétent peu au drame. La
Pompadour était ambitieuse, politique,
pratique et séche. Pour le thédire, il a
fallu altérer la rigoureuse vérité de ces
caractéres. Leur altération en a amené
une autre. Le mari de la Pompadour,
froité d’Antony et d'Hernani, est un per-
sonnage romantique qui n’est pas le per-
sonnage réel dontila pris le nom. Si bien
que le drame de M. Bergerat, trés docu-
mentéen certains détails empruntés aux
études des Goncourt, ne renferme pas
seulement, en dépit de cette documen-
tation laborieuse, des erreurs de faits
assez piquantes queleslettrés ont relevées
avec malice : il est en contradiction avec
ce qu'on sait de la plupartdes personnages
quwil meten scéne et, par conséquent, avec
la couleur générale du temps qui est déter-
minée par eux. De sorte que, avec des
personnages réels et des détails parfois
authentiques, ce drame et cette comédie
sont de vérité historique moins grande
que les Trois Mousquetaires, avec toutes
Ies imaginations — délicieuses, d’ailleurs
— qu’y a mises Dumas.
Ces réserves qu'il fallait faire, car
Vauteur de /a Pompadouradmettrait mal,
je pense, qu’on considérat son ceuvre
comme un simple mélodrame sans étude
de l'histoire, n’empéchent pas loeuvre de
nous présenter une suite de tableaux
brillants et qui ne manquent pas d’intérét.
Je les dirai dans l’ordre ot ils nous sont
offerts. L’action commence a Versailles,
dans la cour des Cygnes, en 1745. La
Pompadour, demoiselle Poisson, fille
adultérine d’un financier, a été -mariée
parluiason neveu, Le Normantd’Etioles.
Mais une tireuse de cartes, probablement
inspirée par la mere Poisson, qui était
une fietfée coquine, avait prédit a la jeune
Madame d’Etioles qu'elle serait un jour
la maitresse du roi Louis XV. A appro-
cher le Roi, & le séduire et a le capter,
Madame d’Etioles mit une science con-
sommée. Et la voici, aprés une entre-
vue ou deux, arrangées par le valet de
chambre du Roi, le complaisant Binet
(parent, d’ailleurs, de Madame d’Etioles),