Activate Javascript or update your browser for the full Digital Library experience.
Previous Page
–
Next Page
OCR
22
les révérences exagérées des six
pensionnaires et que la patronne
a invité a diner avec des fagons
presque protocolaires, se décon-
certe au début, au milieu de tant
de jupes et de roses minois, s’é-
tonne de cette multiplication de
niéces, sur quoi il n’avait pas
compté. Six, au lieu de l’unique
que le colonel lui avait annon-
cée. Mais, plus on est de folles,
plus on rit. Et comme il en
exprimait sa surprise a son
hotesse, s'‘inquiétait d’avoir une
chambre meublée de tant de
jeunesse, la Martin ne lui a-t-elle
pas répondu, avec un aimable et
narquois sourire : « Je ne puis
cependant pas vous donner la
chambre des notaires. » Chan-
gement 4 vue. Est-il, en effet,
une vertu méme atoute épreuve
qui puisse résister aux ceillades
assassines, aux frdlements de
chatte, aux soupirs langoureux
de la plus jeune des six tenta-
trices, la nommée Paulette ?
N’est-ce pas le paradis que pro-
mettent ces grands yeux cares-
sants, comme en fleur, ces lévres
épanouies et radieuses? Et puis
tout ce champagne qui lui met
la téte en feu, qui lui souftle des
bétises, qui l’éperonne. Chute
fatale.
Le major ne résiste pas plus A
LE THEATRE
a
. Pod
AS
Paulette que celle-ci ne le re-
pousse. Rideau.
Le lendemain, dégrisé, ayant
mal aux cheveux et des remords
plein lame, le pauvre Labour-
dette se figure fort sérieusement
qu’il s’est conduit comme le
dernier des misérables, qu'il a
abusé de innocence d’une
exquise et blanche créature,
déshonoré Je toit de feu le con-
seiller Martin. Etnous tombons
en plein quiproquo. Madame
Martin, la respectable, a une
niéce adorable, qui est fiancée
au lieutenant Fréville. Celui-ci
prie son colonel de faire les
démarches nécessaires a tout
mariage d’officieret de lui servir
de témoin 4 la mairie et a l’é-
glise. Le major Labourdette, qui
secroit obligé deréparer safaute,
vienta sontour solliciter de son
chef l’autorisation d’épouser la
petite Paulette, la pseudo-niéce
de Vautre Martin, Montgiron
s’ahurit, tergiverse, confond les
deux veuves. Il a tellement d’é-
gards pour l’entremetteuse
quelle en parait stupéfiée, et
secoue, malméne la conseillére,
la traite d’intrigante, de far-
ceuse si vertement que l’infor-
tunée en défaille presque d’émoi.
La méprise durerait indéfini-
ment, si un simple hussard, ne
Cliché Larcher, CAVALIER MOULARD (M. Milo)
M™e HELOISE (Mme Aug. Leriche)
ACTE I], — Chet Madame Mélotse