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Cliché Mairet.
FLORA (Mlle Viorny)
ZANIPOLO
(M. Bouchard)
ACTE IV
est rentrée en possession d'une partie de ses biens. Elle arrive
précisément des Tuileries — en quelle superbe toilette !—etelle
confie & sa vicille Gertrude, qui ne l’'ajamais quittée, que 'Em-
pereur lui a signifié son désir de la voir devenir duchesse de
Spalato. Le duc de Spalato est maréchal de France, de son nom
Taillefer, et cest le fils de l'ancien intendant de Beauvoisin. Ila
hérité des richesses de son pére, qui avait acheté Beauvoisin a
Gagnon, devenu depuis fournisseur des armées. Sylvie a da
S'incliner devant la volonté impériale. Elle a quelque temps
devant elle pour s’habituer A Vidée de ce troisiéme mariage,
qui doit s’accomplir en-Italic. Pour le moment, le maréchal est
en Allemagne, ct il envoie chercher sa femme par un officier
de ses intimes, qui la conduira & Milan, ot est le rendez-vous.
« Vois-tu, dit Sylvie & Gertrude, les sentiments ont suivi Ics
vicissitudes de la politique. La Terrcur a enfanté des passions,
le Directoire y a jeté l'anarchie, mais César rétablira ordre.
Gertrude, mon coeur souhaite un maitre. Il me le faut despo-
tique, il me le faut glorieux, en un mot, il me le faut militaire. »
Lrenvoyé du maréchal se présente. Son nom Windique rien A
Sylvie. Le colonel comte Souberbielle? elle ne connait pas. Le
colonel Souberbielle, c’est Henri. Quand il entre, Sylvie n’en croit
pas ses yeux. « Colonel, dit-elle, j'ai vu bien des choses, la chute de
la royauté et de plusieurs gouvernements, l'exécution de mes
proches, de mes amis, les victoiresdu Premier Consul, P’établisse-
ment de Empire. Ma destinée méme n’a pas été moins féconde,
jose le dire, en surprises et en péripdtics, et je ne croyais pas
que rien fat encore de taille -& m’étonner. Eh bien, vous venez
de me causer le plus fort saisissement que j'aie_cu de ma vie. »
MARQUIS DE BEAUVOISIN
CARLINA
(M. Lérand) (Me Morlet)
Is vont donc voyager de compagnie. Et, ma foi, sans
aucun scrupule, ils s'apprétent 4 voyager agréablement.
Voila nos gens rejoints, et je laisse a juger
De combien de plaisirs ils vont pay-er leurs peines.
Patatras!... Voila qu’au moment ot la scéne du « boudoir»
allait reprendre aprés vingt ans, le maréchal Taillefer, duc de
Spalato, se présente en personne. Il n’a puy tenir. II était plus
libre qwil ne croyait. Ila fait atteler, ct le voila!... Il est.su-
perbe, le maréchal : haut de taille, chamarré, doré, couvert de
décorations ; il a le verbe et le rire sonores, la plaisanterie
grasse. Ce n'est pas dans les salons qu'il a fait sa carritre, mais
sur les champs de bataille, 4 travers V’Europe. Au bout de quel-
ques minutes d’entretien, le maréchal émet la prétention de loger
dans la maison de sa fiancée; celle-ci_préférerait que son futur
mari demeurat en face, A hotel du Bon La Fontaine. Elle lui
propose cette combinaison, qui n’est point du godt du maréchal.
Pierre-Brutus-Napoléon Taillefer estime que la dame d'hon-
neur de Vimpératrice Joséphine met peu d’empressement a
exécuter les ordres de !'Empercur. I] se monte; il se fache.
Tellement qu’a la fin, exaspéré par les résistances de Sylvie, il
léve la main comme pour la souffleter. Il s’arréte, un peu
penaud, en disant : « Voil&..., si vous continucz..., ce que
je ferai ! » Et Sylvic, radoucie, matée, de répondre : « Eh bien,
Monsicur, vous aurez peut-étre raison ! » Elle donne des ordres
pour que le maréchal couche dans la maison. Quant a elle, elle
ira aux Tuileries pour son service. « Toute la nuit ? ». demande
le maréchal. « Toute la nuit. » La colére du maréchal reprend