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tout de suite attention de ce maitre en I’art de dire qu’est le
toujours vaillant M. Legouvé et du regretté Dupont-Vernon,
tous deux membres du jury. » Dupont-Vernon, qui faisait un
cours de diction 4 la mairie du XIX* arrondissement, prit
lenfant sous sa protection et la présenta au Conservatoire en
1883 ; elle fut jugée trop jeune pour étre admise. On lui permit,
ccependant, de suivre les cours comme auditrice et l'année sui-
vante, en 1884, Agée de dix-septans, elle était regueAPunanimité,
Réclamée par le plus ancien des professeurs, M. Got, elle
concourt, dés la premitre année, et.elle obtient, d'emblée,
LE THEATRE
premier prix de tragédic, le partageant avec Mademoiselle Méa.
Pendant toute année, elle avait été destinée & la Comédie-
Frangaise et M. Perrin lavait déja demandée, lorsqu’il tomba
malade. M. Kaémpfen, qui géra la maison de Molitre pendant
quelques mois, ne perdait point de vue lalauréate, mais, candide
et bon, il consentit ala céder pour un an a M. Porel, qui la
demandait instamment pour l'un des réles principaux du nou-
yeau drame de M. Francois Coppée, les Jacobites.
J'ai dit le succés étourdissant remporté par Ja débutante.
Immédiatement, le directeur se l’attachait pour deux ans,
et lorsque M. Jules Claretie, qui venait
de succéder 4 M. Perrin, enlevé par une
cruelle maladie, la réclama, il dut s’in-
cliner devant le fait accompli. Ayant
découvert une étoile, M. Porel avait,
sans doute, raison de ne pas l’éloigner
de son ciel. Mais, pendant les deux ans
quwil la garda, il laissa plutot Mademoi-
selle Weber se reposer sur la jonchée
des Jauriers cueillis que la renouveler.
Ce qu’elle fit de plus important & cette
époque, ce fut de se marier avec son
camarade Segond.
La Comédie-Frangaise revint A la
charge et, en 1887, le 31 aotit, Madame
Weber y débutait, dans le réle de dona
Sol, d’Hernani. Début qui fut trés hono-
rable, mais honorable seulement. Pour-
quoi Venthousiasme des premiers jours
s’était-il refroidi? Ladébutante était-elle,
comme on I’a dit, souffrante? ou bien,
les Parisiens, gens versatiles, couraient-
ils & d’autres idoles? ou bien, est-ce que
vraiment le réle de doa Sol est, comme
le disent les artistes, un faux bon réle?
Ce qui est stir, c'est que l’entrée de Ma-
dame Weber & la Comédie-Frangaise
n’eut pas tout le retentissement auquel
on s’attendait.
Heureusement, les débuts de Madame
Weber se poursuivaient, quelques mois
aprés, dans l'un des réles qui me sem-
blent le mieux appropriés 4 son talent,
celui de la veuve d’Hector dans VAn-
dromaque de Racine. Le succés revient,
éclatant, triomphal. « La soirée d’hier,
dit un critique, est le pendant que nous
attendions a cette représentation des
Jacobites qui fit de la débutante une
évoile. » Et Sarcey, toujours juste, écri-
vait: « Madame Weber a obtenu un écla-
tant succés. Jamais on n’a dit micux
qu’elle le couplet douloureux ot elle
rappelle & Céphise la derniére nuit de
Troie... Elle a dés aujourd’hui ce qui
ne se donne point, ce que les anciens
appelaient le pecius, ce que nos artistes
en leur argot ont nommé le foyer. » Et
Sarcey ajoute alors ces observations,
que Madame Weber add souvent mé-
diter depuis : « On m’assure que Ma-
dame Weber hésiterait a rester a la
Comédie-Frangaise ; qu'elle serait sé-
duite par les appointements plus consi-
dérables qui lui sont offerts ailleurs.
Elle aurait tort de quitter cette noble
maison, oti elle peut se tailler une belle
renommée et se faire une si large place...
Si j’ai un conscil & lui donner, cest de
fermer V’orcille aux louanges des flat-
teurs et aux propositions des impresa-
rios... IL faut qu’ala rentrée nous puis-
sions la présenter comme l’héritiére des
Cliché E. Pirou. MADAME WEBER
Role d’ermione, — ANDROMAQUE