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g LE THEATRE
il sera celui pour lequel Madame de Polignac et la marquise de
Nesle échangeront, au Bois de Boulogne, deux coups de pis-
tolet. Il ne comptera plus les’ portraits, les méches de cheveux,
les anneaux et les bagues, il ne les reconnaitra plus; ils seront
péle-méle dans sa mémoire comme dans ses tiroirs. Chaque
matin, il s’éveillera dans Phommage ; il se lévera dans les
priéres d’un paquet de lettres : il les jettera sans les ouvrir, avec
ce mot dont il soutfettera l'adresse : Lettre queje n'ai pas eu le
temps de lire; on retrouvera i sa mort, encore cachetés, cing
billets de rendez-vous, implorant le méme jour, au nom de
cing grandes dames, une heure de sa nuit! »
Et dire que ce de Pry-Richelieu, les Anglais osent inter-
rompre ses jeux et ses divertissements! Le marquis fait alors
avancer sa chaise, douillette et capitonnée; il prend l’épée de
porcelaine, et c’est ainsi qu’il méne ses soldats 4 la bataille. I!
revient bientét, vainqueur, souriant. Une seule chose le fache :
Vardeur du combat a dérangé son impeccable toilette. Mais il
se console, en déposant aux pieds de la Florval des gerbes de
Boas
erin
® bis
Y FLORVAL DE PONTCIL
Mine Page) (M. Cail
2°
roses, Au plus fort de la retraite, le régiment a dévalisé un
champ de rosiers. Les soldats ont coupé les fleurs et ils en
ont cntouré leurs armes, et ce sont ces fleurs qu’officiers et
soldats répandent devant les femmes. La terre en est cou-
verte, lair embaumé,
Dans le livre de M. WEsparbés, cet épisode qui s’appelle
«la Charge fleurie », est peut-étre le mieux venu de tous. Je ne
resiste pas au plaisir d'en citer quelques lignes, qui donneront
une idée de la « maniére » de lécrivain. « Orgucil vermeil !
Tempéte d’aurore qui balayait des roses! L’ennemi tira sur
elles : de grandes nues de pétales, aussitét, s’éclaboussaient au
feu, mais avant que les Hanovriens, stupéfaits, cussent rechargé
leurs armes, les chevaux de France touchérent aux premiers
rangs, et le combat, dés lors, se désordonna dans limmens
tourbillon des roses! C’était un ardent parterre enflammé criblé
de vents! D'Ablancourt, vétu de roses bulgares chargeait en
téte, enguirlandé des bottes au chapeau, son cheval, comme lui
TABLEAU, — Depart pour la bataille
LE MARQUIS
(M. de Max)
Lr Mangutd. — Je pric Messieurs les fifres de,
ne pas
jouer trop fate. Marche lo
fleuri, cabré sous le frisson rose d’un ondulant manteau de
roses. Vingt hommes, autour de lui, les mieux montés, culbu-
térent, dans un parfum, I’épaisse et froide colonne; ils balan-
gaient, trainant a leurs bras, voguants, d’éclatants cordons de
roses pourpres, de roses roses, dorées comme des solcils...--
D’Ablancourt, enthousiasmé, leva son chapeau de fleurs ! Ce
signe rallia les escadrons. Odorants, pesants de roses mous-
seuses, ils culbutaient ’'ennemi, qui plia au choc des poitrails.
4 ” . a n
Chabraquées de roses, les bétes cassaient les cranes, poussal<!
4 coups de sabots:durs, dans la foule..... Les fleurs de Versailles
Seffeuillaient au vent, volaicnt dans Ies balles conn ac
€
papillons : Pompons tullés, roses Portland, mille Triomp
Guyenne, les roses Prince Antoine, Mogador ou du Roi, toutes,
ondoyantes, glissaient, voletaient autour des chapeaux, raya
déclairs la fumée, s’éparpillaient, dans le tumulte, en
+s ers
daurore... A la fin, lorsque les trompettes ralli¢rent vi :
jent
brins
@Ablancourt, qui levait le poing, les escadrons vinrent
ceaitina +