Activate Javascript or update your browser for the full Digital Library experience.
Previous Page
–
Next Page
OCR
a ae a be
bag ttl
LE THEATRE 5
Donc, Mademoiselle Delna ayant quitté ’Opéra-Comique, il
devenait difficile de maintenir ce chef-d’cuvre au répertoire,
quand une jeune cantatrice animée du feu sacré, mais qui n’avait
jamais chanté que dans les salons, s’offrit 4 recueillir ce redou-
table héritage et sollicita Phonneur de se mesureravec le souvenir
que les amateurs avaient gardé, selon leur age, ou de Madame
Viardot ou de Mademoiselle Delna, des deux peut-étre. Et cela
sourit a M. Albert Carré, qui révait de nous présenter le vieux
chef-d’ceuvre dans de merveilleux décors, d'une grandeur sur-
prenante ou d’uné poésie enchanteresse. Aussitot dit, aussitot
fait, et c'est ainsi que nous avons vu se dérouler sous nos yeux,
au milieu de tableaux du coloris le plus triste, ou le plus lugubre,
ou le plus suave, une figuration admirablement réglée et qui
évolue avec une élégance souveraine en se pliant aux inflexions
de la musique; une suite de groupements ou de danses d'une
harmonie incomparable et qui donnent lidée la plus parfaite de
la beauté, de la grace antique... En vérité, il ne se peut rien voir
de plus beau ni de plus frappant, dans des tons tout & fait
opposés, que la cérémonie funébre autour du tombeau d’Eury-
dice, que la terrifiante descente d’'Orphée aux Enfers avec ces
ring
abe
Cliché Matvet,
EURYDICE (Mme Bréjean-Graviére)
Ombres, ces Furies qui font peur A voir; que la lumineuse évoca-
Vion des Champs Elysées ou la brillante apparition du Temple de
lAmour, quand le jeune dieu invite les couples fortunés 4 monter
dans la barque pavoisée de fleurs dont il tient le gouvernail : ce
Sont la, par le merveilleux accord des décors, des costumes et des
Sroupes, autant de magnifiques tableaux que M. Albert Carré
Peut etre fier d’avoir su réaliser.
_ Etla musique de Gluck, qu’on ne s’y trompe pas, gagne encore
4 se présenter A nous dans un appareil si riche 4 la fois et si
vou approprié a ce que ce grand maitre en l'art des sons a
la f Peindre. Est-il rien de plus beau, de plus émouvant dans
itépae en plus simple que le choeur de la foule pleurant le
avec ce ¢ urydice et faisant les libations consacrées sursa tombe,
« Eur “die ant s échappe par quatre fois de la poitrine d Orphée :
chesirg ce >? Est-il Tien de plus noble que ces morceaux d or-
» C&S « pantomimes » accompagnant les rites fundbres? Et
(Mie Chasles) Décor de M. Ronsin-Rubé,
ACTE IIf, — Les Champs Elysées, BALLET DES OMBRES HEUREBUSES
les tristes lamentations d’Orphée auxquelles l’écho répond sinistre
et plaintif, ct cet air admirable : Objet de mon amour, ne res-
pirent-ils pas la plus profonde douleur? Si les aricttes simplement
agréables de l'Amour nous raménent a un genre de musique infi-
niment moins relevé, mais encore agréable, une sombre terreur
plane sur toute la scéne des Enfers, et crest par une progression
“ superbement ménagée que les clameurs, d’abord si violentes, des
Démons et des Furies s’apaisent sous les sons enchanteurs de la
lyre et de la voix d’Orphée.
” “puis — mais ce vigoureux contraste, il faut bien lavouer, est
singulitrement atténué quand ces deux épisodes qui s‘enchainent
dans la partition sont séparés par un entracte — il régne dans le
tableau des Champs Elysées un calme inexprimable, une sérénité
divine, et les lentes évolutions des couples bienheureux, les
danses mollement cadencées des nymphes se dérouient avec infi-
niment de grace sur une musique délicicuse, Evidemment, le
f
—
pe toto
Jp wes ys Seago hoe
1